Petit cartel d’entame sous grand soleil. Demi-arène, mais à la Maestranza et entre amis : le bonheur. Trois toros sur six de grand intérêt, nobles, se reprenant en cours de combat, avec présence et codicia (le premier noble mais très encasté, le 5 très de beau jeu, le 6 encasté mais un peu faible)
José Garrido touche le premier. Ses véroniques bien dessinées, l’épaule rentrée, nous mettent l’eau à la bouche et sa série d’entame, au centre de l’arène, la muleta repliée sous le bras pour une passe del cartucho et les naturelles à suivre avant le pecho déclanchent aussitôt la musique. Hélas, malgré l’envie, la faena va a menos jusqu’aux dernières passes pour cadrer le toro avant la mort (une trinchera de grande allure et passe par le bas), celles-là gorgées de toreria. Deux pinchazos et un bajonazo concluent le combat qui laisse un goût d’inachevé. Toro très applaudi à l’arrastre (saludos). José, qui sait qu’il a été en dessous de la caste de son adversaire, n’est plus en confiance sur son second qui n’en a point, et cela fait peine à voir.
Joaquim Galdos, très appliqué sur le deuxième, un toro fuyard et assez médiocre, tire tant à la cape qu’à la muleta des « bien » à la Maestranza, comme arène qui ronronne, loin de tout « olé » d’enthousiasme ( saludos). Profite du cinquième dans une faenita de beaux gestes face à un toro de noblesse profonde dont on applaudit la charge. Très porté par l’arène qui le met en confiance, Galdos sert ici où là une naturelle de grande beauté, une trinchera somptueuse, avant de terminer, a mas, par une très grosse série de derechazos avant un final par aidées par le bas un genou en terre. Le tout est assez beau par intermittence, mais très en dessous de la qualité de l’adversaire. Deux pinchazos (vuelta).
Alfonso Cadaval, le sévillan de l’étape, est absolument transparent. Pour faire plaisir ou parce que c’est sa manière, il baisse la main, beaucoup, et idiotement face au dernier un peu faible qu’il fait tomber à plusieurs reprises ; un toro de petite caste et de grande noblesse qui aurait été l’instrument d’un triomphe pour un Ponce ou un Juli.
On sort triste pour Garrido et consterné pour ses compagnons. Il y a quand même une sacrée différence entre les figuras et les autres… Et à voir ces trois toreros affichés à Séville avec ces toros-là, intéressants et qui servent, si maladroits, si peu dans le coup, parvenant si mal à surmonter leur peur et leur crainte, impuissants à s’adapter, à mettre la jambe ou la muleta sous le mufle, à dominer leur affaire, on se dit que, tout de même, être torero est un métier. Et que ceux-là sont des apprentis qui n’ont pas su saisir leur chance.