Arles, 10 septembre 2022, Morante de la Puebla, Alejandro Talavante, Pablo Aguado/ Garcigrande – corrida goyesque
par jboyer | Sep 13, 2022 | Corrida 2022Les goyesques, c’est quelque chose, et à Arles c’est toujours plus goyesque qu’ailleurs. La goyesque, c’est la corrida en costume, en habits d’autrefois. Une corrida qui s’endimanche, comme nos anciens quand ils allaient à l’église ou au temple, ressortant le costume et la chemise amidonnée ou le beau chandail et le cardigan de Noël. Le problème, avec la corrida, c’est qu’elle est ordinairement en habit de lumières, une tenue somptueuse qui brille au soleil, celle des pantins en paillettes de la chanson de Francis Cabrel. Alors, pour faire contraste, dans une goyesque, les toreros paraissent dans l’arène comme on le faisait au XIXème. C’est très sympathique mais esthétiquement discutable : c’est un peu une corrida en pyjama, aux allures de carnaval. Des habits de Pierrot et Colombine ou de comedia del arte, avec de grandes capes qui pendouillent le long du corps (celle de Pablo Aguado, grenat mordoré était tout de même de grande beauté) et des couvre-chefs ridicules en croissant de lune tout raplapla ou, comme Morante ce jour, de vraies monteras du temps, hyper-chichiteuses, en oreilles de Mickey, retenues par une jugulaire de soie noire. Mais la Goyesque émeut tout de même en exhibant, sans frémir, la tradition en quoi elle tient tout entière. Après la cérémonie de proclamation du roi d’Angleterre, ce jour, ça fait beaucoup. Mais, quand l’avenir est à ce point incertain, on chérit sans doute la légende des siècles.